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Nés au Val-de-Villé près de Châtenois, au pied de l'Ortenbourg et du Ramstein, le 27 décembre 1874, du second mariage de Frédéric MATTHIS avec Ida SIEVERT, fille d'un passementier de Lahr. Ils reposent au cimetière St-Gall à l'entrée de Koenigshoffen. Albert meurt le 17 juin 1930 et c'est au tour d'Adolphe de disparaître le 27 mars 1944, quelques mois avant l'arrivée du Général Leclerc à Strasbourg.
Les auteurs sont issus d'une lignée de meuniers alsaciens et, selon Alfred SCHLAGDENHAUFFEN, d'alliances croisées entre Badois et Alsaciens, sur lesquelles ils restent discrets. Leur demi-frère Charles, hôtelier à Niederbronn, s'est distingué dans le domaine de l'histoire et de l'archéologie.
Au cours de leur scolarité à Strasbourg, ils fréquentent la "Städtliche Mittelschule" rue des Écrivains où ils apprennent le français avec Jean HURST. Plus tard, ils officient en tant qu'employés de bureau: Adolphe chez Eissen (Grimmeissen) et Albert dans une banque mulhousienne de la rue Brûlée. Après la guerre, Adolphe est intégré à l'équipe de La Vie en Alsace par les Dernières Nouvelles. Les différents domiciles des MATTHIS s'égrènent le long de l'Ill à Strasbourg (8 quai des Bateliers, 13 place Henri-Dunant, 6 cour St-Nicolas et 6 quai St-Thomas).
Toute leur vie, en vrais jumeaux, ils sont restés très proches, même si, comme l'a souligné le peintre Georges RITLENG, Albert a commencé à écrire le premier. Ils s'habillent de la même façon, portent la moustache, fument la pipe et s'affichent ensemble dans les lieux publics. Aucun des deux ne se marient, même s'ils éprouvent des sentiments amoureux chacun de leur côté. Ils entretiennent une correspondance suivie pendant la guerre tandis qu'Albert est envoyé sur le front russe et Adolphe exilé en Westphalie.
Autodidactes affables, d'une politesse exquise, sensibles et influencés par leurs amis artistes, ils évoquent chacun de leur côté, exclusivement en dialecte, la nature, l'Alsace et surtout le Vieux Strasbourg. Certains poèmes, comme l'écrit François PETRY, devaient être chantés en chœur comme l'Île des Pêcheurs (écrit par Albert en 1896), "l'objectif étant de conserver la mémoire des moments plaisants vécus en commun".
Pour eux, l'alsacien n'est pas seulement une langue d'échanges verbaux. C'est une langue de création culturelle, avec une véritable recherche d'expressions savoureuses et l'utilisation de mots véhiculés dans la vie quotidienne. Leur objectif n’est pas une réactivation linguistique, mais l’emploi de ces termes leur permet de faire (re)vivre le monde de leur enfance. Ils s’en servent comme ressort poétique et sans doute identitaire. L'enfance est d'ailleurs l'un de leurs thèmes privilégiés avec les fêtes populaires. Une profonde mélancolie apparaît volontiers dans leurs écrits avec son symbole à la fois de mort et de résurrection, le saule. Cet arbre est aussi représenté à cette époque par les artistes du groupe St-Nicolas auxquels les deux frères sont intimement liés.
Lothar von SEEBACH est un des peintres dont les frères MATTHIS sont proches. Brigitte WILKE l'a mis en évidence dans ses derniers ouvrages. Chacun à sa manière observe les hommes au travail, met à l'honneur les activités des humbles, célèbre les us et coutumes des petits et des grands.
Ce sont les revues H2S des pharmaciens et du Bourdon qui publient pour les premières fois les frères MATTHIS. En 1901, le premier recueil des frères MATTHIS "Bois d'oignon" (Ziwwelbaamholz) paraît sous forme de livre à compte d’auteur, imprimé par la Elsässische Druckerei. Il y aura une recension la même année dans la revue Erwinia.
À ses débuts, la Revue Alsacienne Illustrée publie souvent les poèmes des frères MATTHIS afin d'éveiller l'amour de la province et de célébrer cette littérature spécifique comme force vive de la vie intellectuelle et artistique de l'Alsace. Au décès de Charles SPINDLER, Adolphe lui dédie un poème "In's Graab vum elsaesser Mooler Charles Spindler". Il rappelle leurs objectifs communs en faveur de leur région. De même, la disparition précoce d'Henri LOUX est saluée avec émotion par les deux frères. Une correspondance conservée à la BNU témoigne d'échanges avec les artistes du Cercle de St-Léonard, notamment SCHNUG, SATTLER, HORNECKER et BRAUNAGEL. Marie-Joseph ERB, pour sa part, a mis certains de leurs textes en musique.
Quoi qu'il en soit, rapidement les critiques désignent ces poètes comme les meilleurs utilisateurs du dialecte alsacien depuis ARNOLD, doués d'une extraordinaire fraîcheur de ton et de regard. Karl GRUBER, notaire et critique littéraire, les remarque et leur consacre une place importante dans son anthologie "La Littérature actuelle de l'Alsace" parue en 1905. Il compare Albert à un pastelliste et Adolphe à un graveur sur bois.
Ernst STADLER, expressionniste lyrique et universitaire, fondateur de la revue Der Stürmer avec René SCHICKELE et Otto FLAKE, souligne avec force détails le processus créatif dérivé du dialecte même et met en lumière les différences croissantes d'écritures entre les deux écrivains. "Nous avons donné une voix à l'âme de la vieille Alsace, à l'esprit du vieux Strasbourg ," dit Adolphe lui-même sous la plume de Claude ODILÉ dans La Vie en Alsace en septembre 1931...